Pour ceux qui désespèrent de ne plus avoir de nos nouvelles, rassurez-vous. Nous nous activons en coulisses et redoublons d'activité afin de finaliser tous les fragments des interludes. Les contraintes plus ou moins nombreuses que nous nous sommes imposées individuellement sont scrutées à la loupe et aucun mot de trop ou de moins n'est toléré. C'est le bagne mais un brin de masochisme ne nuit pas, en tout cas nous prenons beaucoup de plaisir à terminer ce travail sur les 10 interludes qui ponctuent les Vagues De Virginia Woolf. Nous les avons tout d'abord traduits par fragments ou d'une seule traite lorsqu'ils étaient relativement courts! Nous espérons pouvoir publier le résultat avant l'été.
à la brise de... (atelier d'écriture)
lundi 19 février 2024
samedi 23 décembre 2023
Joyeux Noël à vous toutes et tous
" Coeur :
organe
central
situé entre les deux
poumons
Sur le lac, le vent saisit mes lèvres.
L'imperceptible pulsation du sang
mon souffle heurté, le ciel, la neige, l'ombre
avec la lumière se confondent.
Je ne reconnais rien du paysage
à l'intérieur de moi
je cherche le centre."
Hélène Dorion "Coeurs comme livre d'images" Edit Bruno Doucey
Que ce Noël nous soit doux et paisible comme ce paysage de pleine lune
que nous approchions "le centre", au plus près, au plus loin
et toujours en recherche. en accord avec
chaque pulsation de notre coeur.
Je vous embrasse
vendredi 1 décembre 2023
Poésie québécoise : Hélène Dorion
Je découvre "Mes forêts" d'Hélène Dorion et plutôt que de vous envoyer un de ses poèmes, voici un lien qui vous permettra de l'entendre, dire ses poèmes, en entretien ... ; des vidéos ; des sites ; des porte-folios ; de quoi passer des heures en sa compagnie, de rêver de poésie, d'être embarqué(e)s pour supporter ces heures grises, le long hiver qui s'en vient.
"Les forêts creusent parfois une clairière au-dedans de soi"
vendredi 24 novembre 2023
Coup de coeur : envie de partager
Ai commencé et bien avancé hier « Les livres prennent soin de nous, pour une bibliothérapie créative » de Régine Détambel.
Le mouvement enveloppant de l’écriture et de la lecture est capable de nous arracher à nous-même et à nos souffrances (et bien sûr, je pense à la phrase de mon père à propos du dernier livre que je lui ai offert « Ca parle de moi » ? A ma réponse négative et mon air égaré, il a rajouté « Hé bien, ça ne m’intéresse pas » ; et aussi naturellement à notre atelier d’écriture aux Moyens du Bord, à mon besoin de venir me confier à un journal dès le matin, faute de paroles possibles et d’échanges avec d’autres personnes).
Le livre, écrit-elle "permet d’élaborer un espace à soi, face à la passivité, la perte d’autonomie (vieillesse, handicap …), il a le pouvoir de favoriser la reconquête de soi du lecteur".
Mais pas n’importe quelle lecture, pas des thèses de médecine sur le pouvoir de la lecture ou ces livres de développement personnel qui fleurissent sur tous les rayons des librairies et des quais de gare, mais la littérature. Bref, elle recommande des livres qui permettent « d’entamer un dialogue identificatoire avec un alter ego, narrateur ou personnage ayant déjà éprouvé tel ou tel sentiment, et rendant compte utilement de ses réussites et de ses fêlures … Le livre permet de rendre le monde intelligible, il dénoue les conflits psychiques : m’identifiant au personnage, je comprends que je ne suis pas seul dans cette situation. … Ainsi agit l’histoire de chaque soir, qui répare le psychisme des enfants et les prépare aux inévitables anicroches du lendemain. »
Mais il me faudrait recopier tout le bouquin. Il y a aussi les pages 59 et 60 Edit Actes Sud :
« Chacun de soi, ne devrait-il pas, au plus tôt, se consacrer à ce que Michel Foucault nommait « le souci de soi », sachant que « souci » et « soin » ont la même étymologie ? Pour Foucault, il faudrait consacrer chaque jour un temps à « la culture de soi ». A l’instar des philosophes stoïciens, il préconise de réserver, le soir ou la matin, quelques moments de recueillement, à l'examen de ce qu'on a à faire, à la mémorisation de certains principes utils, à l'examen de la journée écoulée. Sénèque, Epictète, Marc Aurèle ont tous 3 fait référence à ces moments qu’on doit consacrer à se tourner vers soi même ».
Pour cela mémoriser, recopier, relire pour s’approprier mieux encore. Vraiment un livre passionnant et qui me parle au coeur.
lundi 20 novembre 2023
XIX - DANS LA NUIT
L’abysse du silence
à la frange des vagues
la chevelure d’écume
sur traînée bleu de mer
lumière
du monde distillée sur le sable
perles de coquillages
souffles de la nuit
rester subjuguée
se recroqueviller à l’aube de la Vie
n’être plus que le Souffle
l’Ame du vent
par-delà les gouffres
par-delà les songes de l’eau
(Codicille en écho à ‘Les Vagues » de V.Woolf
–interlude 10)
XVIII - VAGUES AU CORPS
La vague obscure
inclémente et mesquine
le long de ma colonne vertébrale
fourmillements
oblitération du mouvement
aliénation des sensations
porosité
entre l’acceptable
et l’insupportable
frontière de l’indicible
perception violente de la fuite du temps
cambriolage de la douceur de vivre
ressentiments à nu
étincelles d’un feu latent
sur avers de corps fatigué posé
sur le rebord du monde
relisant les minutes
aux minutes ajoutées
mon cri
la rage d’exister
(Codicille en écho à « Les Vagues » de V.Woolf –interlude 9-partie 2)
jeudi 9 novembre 2023
à tue-tête
à tue-tête
les bruits de la brisure
les éclats de la dernière danse
celle dont on ne revient pas
le drame du dehors emmêlé à celui du dedans
dans une cadence non d’un andante
mais d’un allegro furioso
et quelles brisures recueillir sur le rivage
de quelles intenses pensées s’emparer
pour nourrir le flux de mots d’un va-et-vient de vagues
lundi 6 novembre 2023
Interlude 10 p. 256 Comme des vagues qui se brisent sur le rivage Vagues oiseaux soleil fragments
Comme des
vagues qui se brisent sur le rivage
Le livre se
referme en claquement de portes
Les
personnages restent figés à tout jamais
On ne saura
jamais le pourquoi du comment
Imprimés sur
leur corps les divers monologues
Tous les
fragments de vie aux embruns éclatés
Le soleil a
décrit son demi-cercle jaune
Il est temps à
présent de laisser les oiseaux
dans leurs
nids sous les feuilles
les petits mammifères
Et cet instant
sinistre qui hurle avec les loups
Et le coeur
qui chancelle à s'arrêter de battre
et la mer qui
s'écrase "toujours recommencée"
vendredi 27 octobre 2023
Interlude 9.2 p.203 Derrière les traînées de silence fibreuses Ténèbres
Derrière les traînées de silence fibreuses
se déplacent les ténèbres furieuses
Au-dessus du lac de
nos esprits fébriles
s'abattent les ténèbres errantes
Sur le rebord figé du
monde affolé
Ruissellent les ténèbres de la folie des
hommes
Dans les profondeurs
filetées des jardins de l'automne
Tourbillonnent les ténèbres de notre
fragilité
Entre les frontières
mesquines reliant les minutes aux heures
Roulent les ténèbres fractionnées des
barbaries fratricides
Avant le
petit-déjeuner qui répare l'amour
S'élèvent les ténèbres des rêves avortés
Au creux de la
dévorante douceur
Souffle le désir de ténèbres tyranniques
Qui pénètrent, enveloppent, engloutissent
Le sens secret des choses
Ténèbres interlude 9.2 à partir du mot darkness, répété 7 ou 8 fois dans ce fragment
ma traduction (partielle)
Comme s'il y avait des vagues
de ténèbres dans l'air, les ténèbres se déplaçaient, enveloppant les maisons,
les collines, les arbres. [...]. L'obscurité ruisselait dans les rues,
tourbillonnait autour des silhouettes en les engloutissant, effaçant les coupes
enlacés dans l'obscurité pluvieuse des ormes en plein feuillage d'été. L'obscurité
roulait ses vagues le long des allées herbeuses et sur la peau ridée du gazon,enveloppant
l'épineux solitaire et les coquilles d'escargots vides à son pied. S'élevant plus haut,
l'obscurité soufflait le long des pentes dénudées des hautes terres et
rencontrait les sommets de la montagne, là où la neige éternelle recouvre à
jamais la roche dure, même lorsque les vallées sont pleines de ruisseaux et de
feuilles de vigne jaunes, et que les jeunes filles, assises sur les vérandas,
regardent la neige cachant leur visage avec leurs éventails. Elles aussi,
l'obscurité les recouvre.
jeudi 26 octobre 2023
XVII - EXPRESSION NOCTURNE.
La lumière embarquée
dans la fascinante configuration
de la tombée du jour
Dépaysement cacophonique
Ascendance du bleu
Rouge en récitatif feutré
Interception du gris
au faîte des grands arbres
Dans le ciel
le Grand Chariot lumineux
Tout près
les vagues endormies
leur silence bruyant
le ressac conscient de
l’espace conquis
Explorateur des songes et
des failles humaines
La nuit-mystère épouse de
la fabrique des rêves
Refuge sensuel
Clapotis sensoriel
Mue renouvelée chaque soir
sur les galets d’impossibles adieux.
(Codicille en écho à « Les Vagues »,
V.Woolf ; interlude 9 – partie 1)
vendredi 20 octobre 2023
à bout touchant
à bout touchant
les ténèbres effacent les couleurs
forent une brèche dans chaque chose
abolissent toute substance et tout contour
comme un coin de bois s’enfonce dans l’épaisseur
de la texture de toute matière
des vibrations de lumière se dissolvent épuisées
dans un arrière-fond hallucinatoire
où l’invisible sous la fermentation de l’obscurité
innerve l’incandescent drame du dehors dans le dedans
(klasma faisant écho à la deuxième partie de l'interlude 9 des Vagues de Virginia Woolf)
jeudi 5 octobre 2023
XVI - SOIR.
Le soir - duvet
le temps des flous
le temps des âmes grises
à la surface des vagues bleues
l'écume fleur immortelle
des rêves en partance
voyage de l'avant à l'après
voyage des possibles
espoir
dans la lenteur chromatique
de la nuit annoncée
écume-plumes
autant d'oiseaux-épingles
dans le lit des nuages
pluie de becs tourmentés
sur le sable-langueur
perles d'ébène
gardiens de la murmuration
des ombres.
(Codicille: en écho à "Les Vagues" - interlude 8 - partie 2)
XV - OMBRES.
Le bleu de la fumée
cicatrices des arbres muets
de solitude
lumière diffractée
par le vent
augure de la mouvance
du temps
la main de la falaise
ordre donné à la vague
qui vient mourir
grand échassier blessé
sur le sable
entre varechs et poussière
ajoncs de lune licencieuse
résurgence des heures
rédemption d'un été
qui n'en finit pas d'exister
déjà le jour se meurt
le soleil est la mer.
(Codicille: en écho à "Les Vagues - interlude 8 - partie 1)
mardi 3 octobre 2023
à la brune
à la brune
rien ne se dissocie plus
plus de mise au point de l’œil possible
le drapé de la vision aux bords évanescents
enrobe le paysage d’encre noire
et dans cet enclos d’ombres
c’est l’infini et ses croix de cendres
comme transfusion d’effets de formes floues
de failles et de défaites de fragiles certitudes
enfouissant tous les rêves lumineux
(Klasma en écho à la première partie de l'interlude 9 des Vagues de Virginia Woolf)
Interlude 9.1 p.202 Dans les recoins lointains dans les grottes sonores
Dans les recoins lointains dans les grottes sonores
Les silences
bruyants
Reposer dans le
calme
Au fond de son cercueil
Attendre la lumière
la vague réveillante
Se glisser lentement
hors de sa peau vieillie
Et regagner son
corps après s'en être enfui
Renaître
Réinventer
Riposter
Indésirer
Incolérer
Sur les vastes
rideaux de ténèbres tremblantes
Amourer
Justicer
Persévérer
Sublimer
L'incontinence aiguë
des moustiques zélés
Des monstres
merveilleux de nos terrains de jeux
Vaisselle ébréchée
aux contours de tristesse
Certitudes fragiles
enrubannées de langes
Un impossible adieu
Dans les grottes sonores Interlude 9.1 ; à partir de "the height from floor to ceiling was hung with vast curtains of shaking darkness" et "the mouth of a cave shadowed by hanging creepers.
lundi 25 septembre 2023
Fin d'été sur la Drôme
Hier, nous avons exploré une nouvelle balade drômoise : Le Chemin de Péquimbert au-dessus de Poêt-Celard. Là, tout au sommet, la vue est à 360°
A l'Est, la forêt de Saoû de la pointe de Roche-Colombe jusqu'au Pré de l'Ane, le Col de la Chaudière et la belle chaîne de Couspeau
A l'Ouest la montagne d'Angèle, Miélandre. Et à un plan plus rapproché, Combs, sa merveilleuse chapelle romane et son château.
A gauche le Mont Angèle, à droite Miélandre
Dans le lointain, à gauche le château, à droite la chapelle
Sur le chemin on peut s'en mettre plein la vue, rêver, grappiller des mûres, chercher vainement des champignons mais le sol est si sec ... rencontrer de drôles de zèbres.
Toutes ces photos pour le plaisir du partage
dimanche 24 septembre 2023
à-coups
à-coups de lumière
dans les meurtrissures d’ombres
ultimes blessures à s’incruster
dans le miroir aux couteaux cerclés d’or
tout tend à se figer dans ce mirage
comme si l’éternité se laissait voir
et consciente de l’extrême fragilité
que chaque chose chaque être sur terre
porte en lui ressent dans ses propres ombres
la peau suinte d’entailles putréfiées par les ans
samedi 23 septembre 2023
La musique du monde
J'ai sept, huit ans peut-être. Cesont les "grandes vacances". Je les passe entièrement chez ma grand-mère, dans une ferme isolée. Deux mois pour une petite fille c'est l'éternité, cette éternité-là m'est disponible du matin au soir, la chaleur, les prés qui attendent la fauche, le bassin qui coule, les feuilles des arbres qui bruissent, les nuages qui filent ... Et la petite fille dans ce silence qui observe, enregistre, vit tout intensément.
A chaque nuit des étoiles, je me remémore une expérience très forte vécue pendant ces vacances-là. J'aimais particulièrement m'allonger le matin dans les hautes herbes du pré devant la maison, sentir leurs odeurs, les graminées me chatouiller les joues. Ma rêverie se perdait dans les nuages qui se formaient, se déformaient et là ... j’entendais la « musique du monde » comme je l’appelais, une espèce de bruissement sonore incessant et apaisant ; cette musique était encore + forte, allongée sous le ciel étoilé, là c’était les étoiles dont j’entendais le scintillement et c’était la même musique « planante » zzzz. Parfois, je sentais réellement tourner la terre.
"parfois, on peut aussi la voir"
Pendant une lecture ce matin, j'ai été saisie et figée par le passage suivant :
« Quelqu'un a décrit le son du silence comme un murmure cosmique, un fond sonore scintillant, quasi électrique. Bien qu’il soit présent tout le temps, en général nous ne le remarquons pas, sauf quand l’esprit est ouvert et détendu … le son du silence est comme un flot continu, une rivière infinie … Dans cet état, l’esprit est un peu comme un radar. La conscience est très vaste, en expansion ; elle inclut, elle est ouverte et réceptive … comme si c’était le chant des anges, un son cosmique primordial … Il est partout et pas seulement dans les oreilles ... »*
Le chapitre s'intitule "Le son du silence" pour moi, ce son reste et restera la musique du monde
* Extrait de "La conscience intuitive" de Ajahn Sumedho
vendredi 22 septembre 2023
XIV - RIVAGE.
Le coquillage
valves des souvenirs
nacre errante sur le sable-mémoire
en quête d'improbables voyages
voile du temps meurtri
sur le rivage éclats de rire
éclats de vie
pétales
pages transparentes éphémères
du passé à l'accent aujourd'hui
quand se lève
la houle au vent
des larmes-précipices
jette le coquillage
mémoire écartelée.
(Codicille: "Les Vagues; Virginia Woolf" - Interlude 7 - partie 1)
jeudi 21 septembre 2023
Interlude 8.2 p.178 Noctalgie La Terre était si éloignée
La Terre était si éloignée
Allait-elle la revoir ?
Nageant entre deux hauts
Voguant entre les nuages
Comme dans ce rêve
Où elle devait se poser
Sur un globe terrestre
Telle une géante
Un pied dans chaque pays
Ce devait être le rêve
De tous les migrants échassiers
Une vie de chaque côté de la frontière
La Terre était si loin
En apesanteur elle voyait
des myriades de lumières
Quand on est au milieu du ciel
Devient-on une étoile ?
La Terre était si loin
En flammes, en feu, en furie
La Terre était si loin, si loin, si loin
Noctalgie Interlude 8.2 p.178 à partir de The land was so distant"